Le trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) fait l’objet d’un nombre croissant de diagnostics, notamment chez les enfants et les adolescents. Si la reconnaissance de ce trouble neurodéveloppemental a permis une meilleure prise en charge de nombreuses personnes en difficulté, une autre tendance soulève des inquiétudes : celle du surdiagnostic.
Une hausse des diagnostics qui interroge
Depuis plusieurs années, les professionnels de santé constatent une augmentation marquée des cas de TDAH. Ce phénomène est visible dans de nombreux pays, y compris en France. Faut-il y voir une amélioration du dépistage ou une tendance à étiqueter trop rapidement des comportements qui relèvent parfois du développement normal de l’enfant ?
Des enfants curieux, actifs, distraits ou ayant des difficultés passagères à l’école peuvent parfois être orientés vers un diagnostic de TDAH sans que tous les critères cliniques ne soient réunis. Cela soulève des questions éthiques et cliniques importantes sur la qualité des évaluations et la pression croissante sur les familles et les enseignants.
Les risques d’un diagnostic excessif
Le surdiagnostic du TDAH peut entraîner une médicalisation injustifiée, notamment par la prescription de traitements psychostimulants comme le méthylphénidate. Si ces médicaments sont utiles dans les cas avérés, leur usage abusif peut exposer les enfants à des effets secondaires, créer une stigmatisation et limiter la recherche d’autres causes possibles des difficultés observées (facteurs familiaux, pédagogiques, émotionnels, etc.).
En parallèle, certains enfants réellement atteints du trouble risquent d’être noyés dans une masse de diagnostics approximatifs, rendant leur prise en charge plus complexe.
Repenser l’évaluation psychologique
Un diagnostic de TDAH doit reposer sur une évaluation rigoureuse et multidimensionnelle, menée par des professionnels qualifiés (psychologues, pédopsychiatres, neuropsychologues). Il est essentiel de distinguer un trouble clinique durable de comportements passagers liés à des contextes spécifiques (stress, déménagement, troubles du sommeil, etc.).
Le travail en réseau entre enseignants, familles et professionnels de santé permet une meilleure compréhension des difficultés rencontrées par l’enfant, sans précipiter la pose d’un diagnostic.
Une vigilance nécessaire pour protéger les enfants
Le surdiagnostic du trouble du déficit de l’attention interroge notre rapport à la norme et au comportement attendu des enfants. Dans une société qui valorise la concentration, la performance et la conformité, les enfants qui s’en écartent peuvent être rapidement considérés comme « à problème ». Or, il est crucial de ne pas réduire un enfant à un diagnostic trop hâtif.